Le Chevalier de Lansonnière (17??)

Internet est relativement avare lorsque l’on cherche de l’information sur le Chevalier de Lansonnière. Peut-être est-ce à cause de l’imprécision de l’orthographe de son nom: l’Ensonnière, L’ansonnière…

Mais en cherchant bien, on trouve quelques informations sur cette affaire judiciaire du 18e siècle. On en trouve des traces dans le répertoire du jurisconsulte Guyot (Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, Réparation civile), qui contient également le procès de Bellanger. Voici ce qu’il conte sur le chevalier de Lansonnière:

Le chevalier de Lansonnière, d’une ancienne famille du Poitou alliée à celle des comtes d’Armagnac, avait eu des démêlés très vifs avec le prieur de la Motte-Marcilly: ces démêlés avaient dégénéré en un procès, lorsque le prieur fut trouvé assassiné avec son domestique au milieu des flammes qui consumaient sa maison.

Le cri public accuse le chevalier de Lansonnière qui, craignant les effets trop funestes de cette prévention, quitte ses foyers, vend tous ses biens dont profite un oncle avare, et s’enfuit. Ceux de ses amis qui s’étaient trouvés la nuit de l’assassinat au château de la Motte sont poursuivis comme coupables et comme ses complices.

Après une instruction qui dure quatre ans, on rend un jugement interlocutoire qui ordonne qu’ils seront appliqués à la question ordinaire et extraordinaire[1]. Après avoir subi ces épreuves cruelles qu’ils supportent sans compromettre les droits de la vérité, ils n’obtiennent leur élargissement qu’en restant dans les liens d’un plus ample informé indéfini.

Après avoir trainé une vie errante et malheureuse, le chevalier de Lansonnière s’enferme dans le couvent des cordeliers d’Angoulème où il prononce ses voeux. Ce ne fut que neuf ans après sa profession que le nommé Bareau, qui fut exécuté à Tours, déclara à l’instant où il allait expirer que lui seul avait commis le crime qu’on avait attribué au ressentiment et à la vengeance du chevalier de Lansonnière.

Qu’on l’eût arraché de sa retraite, qu’aux indices qui étaient déjà contre lui, les douleurs de la question lui eussent arraché un faux aveu, il périssait lui et ses malheureux amis.

La fuite n’est donc pas toujours une preuve de culpabilité, mais c’est encore la plus sage mesure que puisse prendre un innocent lorsqu’il voit l’opinion publique déchaînée contre lui.

Toute ressemblance avec une affaire judiciaire actuelle est parfaitement exclue…

[1] Il y a deux sortes de question ordinaire et extraordinaire qui s’exécutent dans l’étendue du parlement de Paris: à l’eau et aux brodequins. Dans d’autres parlements il s’en donne de plusieurs sortes, comme les mèches allumés entre les doigts, ou l’estrapade avec poids aux pieds et bras derrière le dos. La différence entre la question ordinaire et extraordinaire réside dans le degré de souffrances infligées: la quantité d’eau dans un cas, le nombre de coins pour les brodequins. Il faut remarquer que les brodequins se donnent plus rarement que l’eau car ils peuvent estropier le patient en faisant éclater les os…

Une réflexion sur « Le Chevalier de Lansonnière (17??) »

  1. Une enquete sur les victimes de la torture yougoslave (sur leur propre témoignage) montre qu’encore aujourd’hui, c’est l’estrapade (dans l’enquete « pendaison palestinienne ») qui est la torture qui provoque le plus grand degré de « détresse » (3.8 ex aequo avec la suffocation, devant la torture électrique et les fausses exécutions.
    Comme quoi, le savoir faire se conserve…

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