25 ans dans une startup – billet n.57

Introductionbillet n.56

Je vais vous présenter rapidement 4 recherches d’emploi que j’ai menées parmi les dizaines qui ont émaillé mon année 2018. Mais avant, parlons un peu de méthode : j’ai appliqué les conseils que j’ai prodigués pendant des années auprès de mes étudiants, et que j’ai présentés dans ce billet de blog intitulé “Recrutement des jeunes” que je reproduis ci-dessous. Problème : je ne suis plus tout à fait “jeune”…

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Je suis parfois sidéré de la manière que peuvent avoir les étudiants de
chercher du travail (stage ou emploi). Beaucoup d’entre eux préparent
consciencieusement leur CV et leur lettre de motivation, plus ou moins
sur le même modèle, puis adressent tout cela aux entreprises, par email
ou par courrier papier, à l’adresse trouvée dans les annuaires
spécialisés.

Certains viennent s’ouvrir à moi de leurs difficultés: “J’ai envoyé 200 lettres, et je n’ai encore aucune réponse positive”.

J’écris donc ce billet pour tous les étudiants (ou pas) qui cherchent
leur premier emploi. Je souhaite me concentrer sur un point rarement
abordé (il me semble): l’obtention de l’entretien. Vous avez donc déjà
digéré 2000 sites web et manuels vous expliquant comment rédiger votre
CV et/ou lettre de motivation.

La méthode que je vais vous présenter est simple, universelle, et a été
testé par un grand nombre de mes étudiants. Elle a pour base l’idée
qu’il faut se prendre en main et OSER.

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Tout d’abord, chercher du travail, c’est DIFFICILE. On ne peut pas
généralement se contenter de faire fonctionner une photocopieuse et la
machine à poster. Il faut CIBLER.

Bon, alors là, j’ai droit en général à la remarque suivante: “Oui, mais moi, je ne connais personne…”

Cela tombe bien, moi non plus.

1) Vos critères:

Pour trouver l’entreprise qui a besoin de vous, il faut commencer par faire une recherche dans un annuaire spécialisé. Il y a les pages jaunes, mais aussi beaucoup d’outils tels que le Kompass.
Vous y chercherez les entreprises selon vos propres critères: taille
(TPE, PME, grands groupes…), situation géographique, secteurs
d’activité, etc. La plupart des centres documentaires de vos écoles sont
abonnés à ce type d’annuaires.

2) La liste:

Vous obtenez enfin une liste d’entreprises qui vous semblent pouvoir
correspondre à vos aspirations. Classez cette liste par ordre de
préférence. Ne commencez pas forcément par celle qui vous plait le plus,
afin de roder votre méthode d’approche. Pour chaque entreprise de la
liste, créez un dossier (papier ou électronique selon vos goûts) dans
lequel vous allez stocker toutes les informations que vous allez obtenir
sur cette entreprise, ET celles que vous allez lui envoyer.

3) Le phoning:

C’est l’étape la plus importante. Vous ne connaissez personne dans
l’entreprise ciblée? Normal, tout le monde n’a pas un papa Président de
la République. Par contre, vous avez le numéro du standard, ou celui des
ressources humaines. Notez les dans vos fiches, mais inutile de vous y
frotter: ces personnes sont aguerries aux techniques de rembarrage
téléphonique.

Par contre, ajoutez votre chiffre fétiche aux derniers numéros du numéro
de téléphone du standard, et tentez votre coup. Par exemple, un numéro
de standard qui se termine par 00? Et bien remplacez le double zéro par
12 (ou 07, 13, etc).

4) Mais qui êtes-vous?

Bien sur, vous n’avez aucune idée de sur qui vous allez tomber: un
ingénieur, une secrétaire, un stagiaire, une personne de l’entretien…
Tant pis: présentez-vous poliment et demandez si vous êtes bien chez
l’entreprise TRUC. Il n’y a aucune raison que la personne qui a décroché
le téléphone vous rentre dedans. Par contre, elle va très vite vous
demander qui vous êtes et ce que vous voulez. Là, il faut avoir préparé
une petite explication. Personnellement, je suis plutôt pour
l’explication “recherche de stage”, même si vous êtes en recherche
d’emploi. Cela fait moins peur.

5) L’accroche:

Il vous faut absolument garder le contact avec la personne que vous avez
au bout du fil. Dites lui par exemple: “Me permettez-vous de vous poser
quelques questions sur l’entreprise pour me faciliter ma recherche de
stage?”. Rares seront les sans-cœur qui se débarrasseront de vous
immédiatement. Posez alors quelques questions judicieusement choisies,
comme par exemple: “Y a-t-il souvent des stagiaires dans l’entreprise?”
etc. Après quelques questions innocentes, demandez “Y a-t-il un gros
projet en cours actuellement dans l’entreprise?”. Si la personne vous
parle plutôt “plan de licenciement”, inutile de perdre votre temps (et
le sien). Abrégez la conversation poliment.

6) Le chef de projet:

Si par contre, la personne vous dit fièrement que l’entreprise vient de
décrocher le contrat du siècle, posez lui des questions autour de ce
projet et en particulier: “Pensez-vous que le chef de projet va avoir
besoin de stagiaires?”. Quelle que soit la réponse, demandez lui dans
quel service travaille le chef de projet concerné par le gros contrat et
en particulier le nom de cette personne. Faites parler votre
interlocuteur de ce qu’il connaît le mieux, son service, son travail.
Vous verrez, c’est fou ce que l’on obtient comme information sur une
entreprise par ce biais, comme par exemple sur la (bonne) ambiance de
travail.

7) La recommandation:

Avant de raccrocher, demandez à votre interlocuteur s’il peut vous
passer les coordonnées du chef de projet (téléphone direct), et – cerise
sur le gâteau – demandez lui si vous pouvez l’appeler de sa part (et
prenez le nom de votre interlocuteur). Là encore, vous verrez que votre
culot sera en général payant, la personne vous donnera les informations
demandées.

8) Le coup de grâce:

A ce stade, vous disposez d’un vrai point d’entrée dans l’entreprise: le
nom d’un responsable d’un projet prometteur qui risque d’avoir besoin
d’embaucher du personnel, avec en plus la recommandation d’une autre
personne de l’entreprise. Appelez cette personne et proposez lui vos
services (stage ou emploi). Il faut être prêt à se présenter oralement
de manière simple et brève. Vous devez faire bonne impression.
L’objectif étant d’envoyer un CV qui sera lu attentivement, demander lui
(ou faite confirmer) ses coordonnées (service, bâtiment…). Dites lui
que vous lui adressez un CV dès aujourd’hui, et remerciez la pour le
temps consacré au téléphone.

9) Le suivi:

Vous pouvez donc ajuster votre CV pour qu’il colle parfaitement aux
besoins de l’entreprise (sans mentir ni inventer). Vous pouvez rédiger
une lettre de motivation commençant par “Suite à notre conversation
téléphonique de ce jour, je me permets de vous adresser comme convenu”.
Il reste à envoyer le tout par la poste. Enfin, n’oubliez pas de
conserver précieusement une copie des CV et courriers pour vous y
retrouver lors d’un entretien que vous ne manquerez pas d’avoir avec
cette personne (rien n’est plus catastrophique que d’avoir à la main un
CV différent de celui que l’on a envoyé).

10) Le suivi bis:

Tout le monde est débordé, ou prétend l’être. Votre CV est peut-être
sous une pile de dossiers encore non traités. N’hésitez pas à rappeler
votre correspondant une semaine après lui avoir envoyé votre CV.
Demandez lui poliment s’il a bien reçu votre courrier, s’il a eu le
temps de le traiter. Demandez lui s’il peut vous accorder un rendez-vous
afin que vous puissiez vous présenter.

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Les étudiants à qui je fais ce discours réagissent de manière variée.
Certains trouvent que cela dépasse leur capacité d’improvisation.
D’autres ont du mal à comprendre qu’il soit si difficile de trouver du
travail (ceux là n’ont en général pas encore commencé à chercher). Cette
présentation leur aide à comprendre que la recherche d’emploi est avant
tout une affaire de contacts humains et qu’il ne faut pas hésiter à
sortir un peu des sentiers battus.

Et tous les étudiants qui l’ont appliquée travaillent actuellement.

Et de cela, je suis fier.

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En écrivant ce texte en 2010 (les pages jaunes…), je pensais évidemment surtout à mes étudiants. J’avais appliqué avec succès ces techniques dans les années 1990. Me voici en 2018, à souhaiter démarrer sérieusement une recherche d’emploi.

A 55 ans, les choses ne se sont pas passées comme je le voulais.

Billet n.58

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.