Le directeur général entre dans mon bureau. Il me pose quelques questions, en particulier si j’ai trouvé un autre emploi. Je lui explique que non, que je n’ai pas de proposition d’emploi, pas de plan B. Il a l’air circonspect.
« Zythom, vous êtes un drôle de bonhomme…
(silence)
Il n’est pas question que vous partiez…
(silence)
Qu’est-ce que vous voulez pour rester ? »
Là, j’avoue que j’ai pensé demander une voiture de fonction avec chauffeur, une augmentation de 50%, etc. Mais j’ai répondu calmement, le cœur battant toujours à 220 ppm : « Je vous ai déjà expliqué longuement ce qu’il me faut, je vous l’ai justifié, démontré : un nouveau chef de projet. Et ce n’est pas pour moi, c’est pour que l’informatique de la startup reste à flot. »
Il m’a posé quelques questions, essentiellement parce qu’il ne comprenait pas que je puisse envisager de partir sans proposition d’un autre employeur.
Le lendemain, il m’annonçait manger son chapeau, et qu’il acceptait ma demande.
« Zythom, vous m’avez forcé la main et je n’aime pas ça, mais il faudrait trop de temps pour vous remplacer. »
Sept mois plus tard, un chef de projet rejoignait enfin l’équipe informatique. Sept mois de retard supplémentaires sur tous les projets majeurs.
Son arrivée, ses compétences et son enthousiasme allaient changer radicalement le fonctionnement du service informatique, comme prévu.
Mais j’avais perdu la foi.
Quelque chose en moi s’était brisée.
J’ai alors pris une décision importante, plus importante encore que la précédente.
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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.
Extrait de https://salemoment.tumblr.com/
avec l’aimable autorisation de l’auteur Olivier Ka |
C'est tout un art de nous tenir en haleine. Chaque matin, je dévore le nouveau billet. L’écriture est vraiment un de vos talents.
Étonnant de constater le nombre de fois où une organisation ne réagit en fait que lorsque le salarié met sa démission sur la table…
Parfois, cela est fait de manière parfaitement consciente, afin de "résister" aux demandes formulées.
Plus souvent, l'organisation n'écoute même pas sérieusement le salarié et la démission fait alors office d'électrochoc.
Mais le pire est sans doute lorsque le salarié perd sa motivation mais décide de rester dans l'organisation, pour de multiples raisons "pratiques". Dans ce cas, le "coût" est alors très important, tant pour le salarié que pour l'organisation mais comme ce coût est diffus et difficilement chiffrable, il est difficile d'en prendre conscience.
Un marché de l'emploi plus favorable et une nouvelle approche des nouvelles générations permettront peut-être de faire évoluer les choses.
Bravo à vous en tout cas d'avoir franchi le rubicon après les fameux 50 ans 🙂