Mai 2017, n’en pouvant plus, je décide de jouer cartes sur table avec mon patron. Je demande à faire un point avec lui. Je lui rédige un « schéma directeur des systèmes d’information » argumenté. Le jour J, je lui explique que la « transition numérique » ou « la révolution digitale » quelque soit le nom qu’on lui donne, demande un sérieux effort de mise à niveau du SI de la startup : projet de refonte de l’environnement numérique, intégration des briques applicatives autour de l’ERP, niveau de sécurité insuffisant, évolution des réseaux, des pare-feu, des serveurs de virtualisation, du PRA, etc. Il est d’accord avec moi sur tout le programme.
Je lui rappelle que depuis plusieurs années tout le service informatique est sur le pont et travaille dur pour que le système d’information donne satisfaction à l’ensemble des utilisateurs.
Il reconnaît ce point.
Je lui explique alors que l’équipe en place est insuffisante pour mener à bien tous ces projets, et qu’il faut recruter un chef de projets.
Voici sa réponse : « Zythom, si je comprends bien, vous voulez moins travailler ! »
Mes bras sont tombés par terre.
« Moins travailler, mais non. Je veux toujours travailler autant, mais là, ce n’est plus possible. Tout le monde est en mode « best effort », mais la barque s’alourdit et, même si tout le monde rame en cadence et dans le même sens, nous coulons. »
Sa réponse est impitoyable : « nous sommes trop petits pour augmenter nos effectifs. Impossible de recruter. Faites avec ce que vous avez, comme vous pouvez« .
Il sort en claquant la porte de mon bureau… Petite humiliation mesquine.
Je comprends parfaitement qu’un dirigeant puisse avoir une vision stratégique différente de la mienne, et j’admets que ça soit de sa responsabilité de faire des choix stratégiques et de les assumer.
Dans mon cas, j’étais allé au bout des possibilités de mon équipe, et les autres responsables refusaient de partager des ressources humaines, quand bien même les personnes étaient intéressées pour participer au développement du système d’information. Le chef de projet qui souhaitait poursuivre le développement de l’environnement numérique post-site d’inscription a été contraint par sa hiérarchie de réintégrer à plein temps le service communication de la startup malgré mes demandes.
Si le directeur général me dit « faites comme vous pouvez », j’en déduis qu’il me soutiendra lorsque les reproches fuseront sur la lenteur d’avancement des projets.
Ça n’a pas été le cas. Et au premier coup de vent, j’ai été désigné comme seul responsable.
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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.