Le procès Eolas

Maître Eolas m’a fait l’honneur de me choisir comme expert informatique afin de mener une expertise privée dans l’affaire qui l’oppose à l’association IPJ. Il y a entre Maître Eolas et moi nuls liens d’amitié comme entre Montaigne et La Boétie, mais
un solide respect, teinté de ma part d’une admiration sincère pour son
intelligence et sa vivacité d’esprit. Ce respect justifie que l’on puisse mener ensemble un travail de façon professionnelle, et ne m’a pas empêché de rédiger un rapport objectif et scientifique sur les questions qui m’ont été posées (ce qui a d’ailleurs été relevé par les parties du procès). Bien sur, ce travail étant demandé par une seule des parties (c’est le principe d’une expertise privée), il a fait l’objet de critiques et de suspicions de la partie adverse, ce qui a été débattu publiquement lors des différents procès (1ère instance puis appel).

J’ai assisté à la dernière étape (en date) du procès Eolas vs IPJ qui a eu lieu hier, à la Cour d’Appel de Versailles, assis simplement sur les bancs du public. Je voulais montrer concrètement à Maître Eolas mon soutien dans l’épreuve qui lui était infligée, indépendamment du travail que j’avais eu à faire pour lui. Comme je l’indiquais sur Twitter, c’est quand ils sont dans la merde, enfin dans le besoin, qu’il faut soutenir les gens qu’on apprécie.

Pour autant, je ne souhaite pas utiliser ce blog à chaud sur des affaires en cours auxquelles je participe, je m’en suis déjà expliqué et tout le monde comprendra. Vous ne trouverez donc ici aucune analyse, ni prise de position, ni avis personnel.

Je signale simplement à mes lecteurs un compte-rendu succinct d’audience réalisé par Rémi Flamant sur le site “épris de justice” (que tout curieux du fonctionnement de la justice devrait mettre dans son agrégateur de flux RSS 😉 : https://www.epris-de-justice.info/est-ce-que-lon-peut-imaginer-que-maitre-eolas-setait-torche-avec-une-association/

J’encourage également tous mes lecteurs à pousser la porte des tribunaux pour assister régulièrement aux audiences, et pas seulement à celles qui font la une des journaux. C’est passionnant.

J’invite aussi tous les experts qui me lisent à assister aux procès où leurs rapports sont débattus (quand ils ne sont pas cités comme témoin). C’est très instructif (et stressant). Le travail des avocats est extraordinaire, tant ceux qui attaquent votre travail, que ceux qui le mettent en avant.

Dans ma prochaine vie, je veux être avocat.

6 réflexions sur « Le procès Eolas »

  1. J'ai assisté deux ou trois fois à des audiences du tribunal correctionnel, dont une présidée par un juge unique. C'est effectivement passionnant mais tellement déprimant : juges et parquet travaillant à la chaîne, prévenus et avocats peu voire pas préparés, parties civiles désorientées, public au spectacle, et journalistes qui s'en foutent participent d'un théâtre bien morne. Chaque fois, j'en suis sorti avec un arrière goût amer, en repensant à un mot, peut-être apocryphe, de maître Dupont-Moretti : "la justice est à la fois une administration et une vertu".

  2. « Au niveau du budget, il n’y a que les malheureux Moldaves qui sont en dessous de nous ! »

    Cette phrase du CR en lien résume la situation… et l'agacement compréhensible face à des générateurs de bruit (et de procédures impactant ce budget et la bande passante, réduite, de l'institution). Comme si l'excès de lois votées par les politiques, manière d'inscrire durablement son nom, ne suffisait pas.

    Pour ma part, j'avoue que les métiers rattachés de près ou de loin à la justice ne me tentent absolument pas. Être simplement inscrit sur les listes électorales peut suffire à faire de vous un jour un juré: C'est bien tout ce qui pourrait me faire franchir les portes d'un tribunal, hormis avoir roulé bien trop vite selon les normes française: Etre inutilement lent, au travail, dans la vie et sur la route… Je ne sais tout simplement pas faire.

    Et que la justice est lente! Ici, plus de 3 ans 1/2 après les faits pour une première décision, invalidée après encore plus d'un an, dans le cadre d'une affaire fort simple! Hallucinant…

    Au total, on en est à presque 5 ans de boulot au fond inutile pour une simple prise de bec sur un réseau ayant pour emblème un piaf! Tout un symbole.

    Il me semblait pourtant que l'abus de droit était répréhensible? Mais pour cela il faudrait que l'institution résolve ses propres contradictions, quand elle punit par exemple (pour en revenir au droit routier) des gens à tour de bras pour des stops "glissés", signalisation trop souvent (et c'est loin d'être un exemple unique) utilisée abusivement à des emplacements ou la visibilité est bonne et pour lesquelles le "cedez-le-passage" aurait été conçu!

    Un autre avocat qui fréquentait beaucoup l'ancêtre de twitter (en mieux et plus libre, non géré par une société, mais fallait se configurer un client pour les lire… bref se sortir un minimum les doigts du c..), les newsgroups, à la fin des années 90 avait coutume de dire que le droit pénal routier était LE laboratoire d'essai pour tout le reste.

    Je ne voudrais donc pas vous décevoir, mais d'ici votre nouvelle vie, l'essentiel des décisions sera automatique.

    Et ce sera venu, imperceptiblement pour la majorité irréfléchie (mais bientôt elle aussi victime, n'ayant pas vu venir que tolérance zéro=intolérance totale, d'une machine à cash générant 1 milliard d'€… et encore, sans compter les a-côtés: Stages, ventes de voiturettes ou de 49.9cc), par la généralisation abusive d'un principe d'exception:

    Avant la loi dite Gayssot, la seule infraction pour laquelle le titulaire d'une carte grise pouvait être déclaré responsable sans identification formelle était le stationnement. Pour lequel il n'y a par définition personne d'identifiable au volant (ou a proximité, sinon c'est un arrêt et non un stationnement).

    Une entorse au principe de présomption d'innocence alors quasiment inévitable.

    Après cela, l'institution y a laissé des plumes et l'automatisation rampante du droit routier s'est bien propagée: Droit d'auteur, peines plancher… A tous les étages la mal se répends.

    Le métier d'avocat pourrait donc un jour, peut-être pas si lointain, vous renvoyer au mieux (ne sous-estimons pas la bêtise de ceux qui votent des lois qui leur ressemblent, en mode automate) à vos études. Et à l'IA. A moins qu'un "bon" gros logigramme fasse l'affaire!

  3. Bonjour Zythom j'adore ton blog sauf que moi même étant passionné d'informatique pourquoi choisir un blogspot? S'il te plait si ce n'est qu'autre que ton choix personnelle utilise à la limitte un cms non? Enfin voilà je n'attends pas de réponse de ta part mais cela me chagrine qu'un ingénieur puisse utilisé un blogspot..

    • Simple facilité de ma part : gratuit, pas de maintenance, pas de mise à jour, une bonne protection en terme de sécurité, une structure anti attaque DDOS, stabilité, plateforme responsive, bonne gestion des différents formats, beaucoup de plugins… Bref zéro soucis, tout pour me plaire 😉

    • Je pense au contraire qu'une personne dont les compétences techniques vont bien au delà de la mise en place d'un environnement tel qu'un blog a bien mieux à faire (autant dans le domaine technique que dans sa vie extra informatique) que de perdre du temps à la personnalisation et à l'administration d'une plateforme de blog ! L'essentiel n'est pas dans le contenant mais dans le contenu. Et merci encore Zythom de partager avec nous vos expériences dans lesquelles je retrouve une part de mon activité d'expert judiciaire.

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