Depuis de nombreuses années, je me considère plus comme un nerd que comme un geek.
Extrait de la page Wikipedia consacrée à la définition de nerd :
Un nerd est, dans le domaine des stéréotypes de la culture populaire, une personne solitaire, passionnée voire obnubilée par des sujets intellectuels abscons, peu attractifs, inapplicables ou fantasmatiques, et liés aux sciences (en général symboliques, comme les mathématiques, la physique ou la logique) et aux techniques – ou autres sujets inconnus aux yeux de tous.
Apparu à la fin des années 1950 aux États-Unis, le terme est devenu plutôt péjoratif, à la différence de geek. En effet, comparé à un geek qui est axé sur des centres d’intérêts liés à l’informatique et aux nouvelles technologies, un nerd est asocial, obsessionnel, et excessivement porté sur les études et l’intellect. Excluant tout sujet plus commun ou partagé par ses pairs académiques, il favorise le développement personnel d’un monde fermé et obscur. On le décrit timide, étrange et repoussant.
Je dois dire que cette définition me correspond plutôt bien.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été attiré par les sciences en général et par l’informatique en particulier. Je garde un souvenir brûlant d’un exposé en classe de seconde sur un sujet libre et où j’ai présenté avec passion le principe de fonctionnement d’un Tokamak. Non pas que je comprenais grand chose à ce que je présentais, mais que je puisse avoir l’idée de faire cette présentation à ma classe et, en plus trouver cela passionnant, a sidéré mes camarades et ma professeure de physique.
J’adorais lire des articles du magasine « Pour La Science » auquel j’étais abonné et dont j’attendais avec impatience l’arrivée dans la boite aux lettres familiale. J’étais passé maître dans l’art du démontage des appareils électroniques (y compris des postes de radio à tubes, oui, j’ai plus de cinquante ans…). J’aimais beaucoup les énigmes de mathématique et en particulier les paradoxes. Je faisais des expériences de chimie dans ma chambre (et ma moquette s’en est longtemps souvenue, surtout dans ma période « feu de Bengale »…).
Personne ne pouvait rivaliser avec moi dans la création de
programmes de moins de cinquante « pas » capable de tenir dans ma
calculatrice programmable TI-57. C’est ainsi que j’ai découvert la programmation (j’en parle dans ce vieux billet). De nerd, je suis devenu n3rd…
Bien entendu, j’étais obligé d’avoir une double vie : solitaire et secrète chez moi, et sociale à l’école. Car malgré tout, j’étais intégré dans la vie sociale, et j’étais me semble-t-il plutôt populaire. Pourtant, j’avais un réel défaut : j’étais à la recherche de l’Amour et de l’Amitié, façon chevaleresque.
Pour l’Amour, j’ai eu la chance de rencontrer la femme de ma vie, et elle me supporte (dans les deux sens du terme acceptés maintenant) depuis 23 ans.
Pour l’Amitié, je dois avouer que je n’ai jamais rencontré quelqu’un avec qui vivre une relation comme celle qui liait Montaigne et La Boétie.
La Boétie : « L’amitié,
c’est un nom sacré, c’est une chose sainte : elle ne se met jamais qu’entre gens
de bien et ne se prend que par mutuelle estime, elle s’entretient non pas tant
par bienfaits que par bonne vie. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la
connaissance qu’il a de son intégrité : les répondants qu’il en a c’est son bon
naturel, la foi et la constance. Il ne peut y avoir d’amitié là où est la cruauté,
là où est la déloyauté, là où est l’injustice«
Montaigne : « Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ne
sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité
par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent [NdZ: Facebook n’existait pas encore!]. En l’amitié de quoi je parle,
elles se mêlent et se confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel
qu’elles s’effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si l’on me
presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en
répondant : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ».
5Il y a, au-delà de tout mon discours et de ce que je puis dire particulièrement,
je ne sais quelle force inexplicable et fatale médiatrice de cette union. Nous
nous cherchions avant que de nous être vus et par les rapports que nous oyions
l’un de l’autre qui faisaient en notre affection plus d’efforts que ne le porte
la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel ; nous nous
embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en
une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si
obligés entre nous que rien dès lors ne nous fut si proches que l’un à l’autre. »
Quand j’ai fait le constat, à table devant mes enfants, que personne ne traverserait la France pour moi en cas de problème grave (ou moi pour lui ou elle), qu’en fait je n’avais pas de véritable ami, ils m’ont répondu en chœur :
« prend un Curli ».
Au moins, ça m’a fait sourire 😉
Dans le prochain billet, je vous parlerai de la vie sociale du n3rd, façon Zythom.
Il est étonnant que le public de commentateurs d’extrême qualité présent ici n'aient pas encore apporté la solution à l'équation ! Alors je me lance : la réduction de la dernière ligne est fausse puisque (a2 – ab) = 0 donc 2*0 = 1*0 donne 0=0
Au moins, tu as des gens qui t'estiment pour ce que tu fais, et pour tes qualités. Ce qui n’est pas non plus donné a tout le monde.
Certes ce n'est pas de l'amitié, ça ne déplace pas les gens et ça n'aide pas en cas de problème. Mais est-ce moins valorisant ?