Le dernier maillon

Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

La réunion durait depuis plusieurs heures, j’avais écouté toutes les explications fournies par les parties, et je ne comprenais toujours pas pourquoi les deux entreprises en étaient arrivées là.

J’avais surtout compris que le support informatique effectué par la société de service ne s’était pas déroulé correctement et que les deux entreprises étaient maintenant au bord du gouffre, l’une parce qu’elle avait perdu toute ses données et l’autre son plus gros client.

Mais après avoir écouté, dans l’ordre de bienséance hiérarchique, les grands patrons, puis les avocats, les chefs de service et les chefs de projet, je ne comprenais pas ce qui avait fait tout capoter.

On me parlait de milliers d’euros de pertes par jour, de licenciements, de dépôt de bilan. Et moi, je ramenais toujours les débats sur le terrain de l’expertise judiciaire en informatique, rappelant que mes missions n’incluaient pas l’analyse comptable et financière de la situation, mais la recherche des causes techniques (exclusivement).

Bon, j’avais compris dès le début de la réunion que les rapports humains s’étaient vite envenimés dans cette affaire qui aurait peut-être pu se régler plus simplement et plus rapidement si les deux parties avaient usées d’un peu plus de diplomatie…

Enfin quoi, un serveur ne tombe pas en panne en même temps que son système de sauvegarde: disques durs en miroir (RAID1), sauvegardes quotidiennes complètes avec rotation sur trois bandes, archivage d’une bande chaque semaine hors site.

La société de service me décrit un système de sécurité des données infaillibles, et un suivi des procédures avec traçabilité, etc. “Nous sommes certifiés ISO machin, vous comprenez, notre société est au dessus de tout soupçon, nous n’employons que des personnes compétentes, suivant des formations régulièrement, nous avons mis en place un système de télésurveillance avec prise de contrôle à distance qui nous permet de faire des interventions en un temps record…” m’a expliqué de long en large le patron de la SSII.

Nous payons très cher un service support qui n’a pas été capable d’empêcher ce désastre…” Me dit le patron de l’entreprise, entre deux invectives, au milieu de reproches divers sans rapport avec l’affaire qui nous concerne.

Nous avions passé en revu l’accès distant du support via internet, les fiches ISO machin d’intervention des techniciens, les rapports, les dossiers techniques, les courriers recommandés.

Moi, je voulais voir la personne qui avait appelé le support…

Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

Je lui pose les questions d’usage: prénom, nom et intitulé de la fonction au sein de l’entreprise. Dans un silence à la tension palpable, elle me raconte sa version de cette journée noire.

Elle: “Comme d’habitude, avant de partir déjeuner, j’ai mis la bande dans le serveur et lancé la sauvegarde. Je sais que c’est une opération importante alors je la fais toujours avec précautions. Mon chef m’a dit que les bandes étaient très chères.

Moi: “Comment saviez-vous que c’était la bonne bande à placer dans le boitier?”

Elle: “Les bandes sont numérotées et je dois mettre la bande correspondant au numéro du jour.

Moi: “Pouvez-vous préciser? J’avais cru comprendre qu’il n’y avait que trois bandes.”

Elle: “Oui, mais la bande numéro 3 a été mise de côté par le comptable après la clôture des comptes. Il m’a dit de mettre la bande numéro 1 les jours impairs et la bande numéro 2 les jours pairs. J’ai trouvé cela astucieux, car avant, je devais à chaque fois noter dans un cahier le numéro de la bande utilisée.

Moi: “Montrez-moi ce cahier, s’il vous plait. Donc depuis huit mois les sauvegardes ne se faisaient que sur deux bandes. Pouvez-vous me dire ce qui c’est passé à votre retour de pause déjeuner?”

Elle: “Les assistants m’ont appelé pour me dire que leurs terminaux ne fonctionnaient plus et pour me demander de redémarrer le serveur. J’y suis allé et j’ai vu que l’écran était tout bleu avec des inscriptions que je n’ai pas comprises. Avant de redémarrer le serveur, j’ai appelé le support. Le technicien m’a dit que cela arrivait de temps en temps et qu’il fallait que je redémarre le serveur. Je lui ai dit que la sauvegarde ne s’était pas terminée correctement. Il m’a dit de la relancer.

Moi: “Vous avez utilisé la même bande?”

Elle: “Oui. C’est d’ailleurs ce que m’a demandé le technicien lorsque je l’ai rappelé une heure plus tard pour lui dire que de nouveau plus rien ne fonctionnait et que la sauvegarde s’était encore mal terminée. Il m’a alors indiqué que la bande devait être défectueuse et que c’est ça qui devait “planter” le serveur. Il m’a alors recommandé d’utiliser une autre bande. C’est pour cela que j’ai mis la bande n°2 alors que ce n’était pas le bon jour.

Moi: “Vous n’avez pas de bandes neuves?”

Elle: “On ne m’en a pas donné et j’ai cru que c’était parce qu’elles coutaient cher.

Moi: “Mais, quand votre chef vous a dit qu’elles avaient de la valeur, ne voulait-il pas dire cela à cause des données qui étaient stockées dessus?”

Elle: “Ce n’est pas ce que j’ai compris. On m’a dit qu’elles étaient chères…

Moi: “Mais en mettant la deuxième bande, ne vous êtes-vous pas dit que si elle venait également à être effacée, il n’y aurait plus de sauvegarde?”

Elle: “Non, je n’ai fait que suivre les indications du support…

Je l’ai regardé sortir de la salle et j’ai eu une pensée émue pour les gens qui sont les derniers maillons de la chaine de commandement, les petites mains. Ce sont souvent elles qui ont les plus grandes responsabilités in fine.

Mais je n’ai pas oublié l’ensemble des décideurs:

– un disque dur en miroir sans remontée d’alertes et sans surveillance. Résultat: depuis plusieurs mois, l’un des deux disques était en panne. Il ne restait plus qu’à attendre la panne du deuxième, ce qui venait d’arriver pendant le stress généré par la sauvegarde.

– une mauvaise formation des employés concernant le système de sauvegarde (et le coût des bandes en regard du coût de la perte des données). Ils n’avaient pas conscience que lorsqu’une sauvegarde démarre, elle écrase les données précédentes. Si elle est interrompue brutalement, la bande est inexploitable. Deux bandes inexploitables à cause d’un disque en train de tomber en panne et toutes les données sont perdues…

– une prise de contrôle à distance inopérante en cas d’écran bleu qui aurait du déclencher la venue en urgence d’un technicien.

– la décision du support de sacrifier une deuxième bande de sauvegarde sans s’être renseigné sur l’existence d’une autre bande de sauvegarde récente et en état.

– la décision de retirer une bande du jeu de trois sans prévenir le support, surtout quand cela annule la sauvegarde hebdomadaire avec déport hors site.

– l’absence totale d’exercice de restauration de données et de tests des bandes utilisées.

– la situation de quasi abandon du serveur du point de vue physique avec traces de serpillère sur la carcasse posée à même le sol et sur la multiprise parafoudre…

Il y avait beaucoup de choses à dire sur le respect de l’état de l’art par les deux entreprises. Il y a de nombreuses fois où je n’envie pas le juge qui doit trancher. Je me contente de rester un simple technicien de l’informatique.

Mais j’ai encore aujourd’hui une pensée pour le dernier maillon de la chaine, celui à qui on dit d’appuyer sur le bouton et qui fait tout exploser…

32 réflexions sur « Le dernier maillon »

  1. Difficile de juger à partir de ces seules informations (forcément partielles) mais pour moi la responsabilité du technicien du support est "écrasante".

    A partir du moment où l'utilisateur lui dit que le serveur a planté 2 fois pendant la sauvegarde, la première chose qu'il devrait dire, c'est : "Est ce que vous avez sous la main la bande de la sauvegarde précédente ? Oui, alors prenez là, mettez le loquet de protection d'écriture, placer la bande dans une enveloppe et écrivez au marqueur rouge sur l'enveloppe "sauvegarde du tant – ne pas réutiliser"". Et ensuite seulement : "Est ce que vous avez une bande neuve ?".

  2. A notre époque il me semble difficile d'exonérer de sa responsabilité celui qui a décidé de cette politique de sauvegarde, la catastrophe étant annoncée depuis longtemps.
    Certes, se protéger efficacement a un coût et que cette entreprise considère une cartouche de sauvegarde comme étant chère me laisse sans voix.
    C'est presque tous les jours que je rencontre des gens persuadés de faire correctement leurs sauvegardes, parce qu'ils utilisent des bandes (horreur!) et qu'ils externalisent régulièrement des originaux de leurs sauvegardes (malheur!). Je constate également que la sauvegarde est souvent la dernière roue du carrosse, pour laquelle il y a peu d'investissement, donc peu de formation et d'enthousiasme…
    J'espère que dans le cas que vous nous décrivez, le dernier maillon ne sera pas inquiété, car il n'aurait jamais du être là.

    Et encore merci pour tous vos billets!

  3. Moi je reste ébahi par le comptable :

    S'il n'était que comptable, alors sa voix portait un peu plus loin que nécessaire. Je vois bien un comptable décider d'une modification de procédure attachée à un autre service !

    S'il était un peu plus que comptable (comme dans beaucoup de petites boites : comptable + financier + rh …), alors c'est son manque de discernement qui me souffle ! Prendre une décision pareille et ignorer (je n'imagine même pas que ce puisse être innocent !) le risque pris est affligeant !

  4. Ca me rappelle des anecdotes en clientele:
    – lui: Quoi? 2000€ pour la sauvegarde? c'est trop cher !
    – moi: Si par un malheureux hasard le RAID lache… Si quelqu'un fait de mauvaises manipulations… Si une mise à jour se passe mal… Si…
    Vous risquez de tout perdre…
    – lui: L'investissement est deja important, le systeme est neuf.. blablabla…
    Bilan 2ans et 10 mois plus tard, projet de renouvellement du parc:
    – lui: vous voyez, la sauvegarde… Pas necesssaire.. des frais pour rien… je vous l'avais dit…
    – moi: ….

    2 Semaines plus tard:
    – Disques RAID HS
    – Rapport mail du SNMP activé mais redirigé à la poubelle par regle de traitement des mails entrants.
    – lui: les mails disaient que tout se passait bien… ca finit par faire beaucoup et donc prendre de la place…
    – moi: Bien Monsieur, maintenant que vous avez tout perdu, il y a peut etre encore une chance.. peut etre.. ca peut couter entre 40000€ et 150000€…
    2 semaines plus tard:
    TOUT PERDU

  5. Vous savez quand je lis tout ça (commentaires et billet) à quoi je pense.

    Je pense aux "petites" entreprises qui font appelle aux compétences d'un stagiaire pour mettre en place ce genre de solution. Et surtout à la vue des moyens qui sont déployés comme réaliser des tests de restauration,…

    Oui Zythom, merci d'avoir eu cette pensée émue pour le dernier maillon.

  6. Je préfère cette version de l'histoire à l'ancienne, bien plus savoureuse et vivante.

    Bravo!

  7. Terrible comme histoire… A glacer le sang de tout administrateur systèmes et opérateur de sauvegarde…

    …Une suite de boulettes et méconnaissances (incompétences plutôt) qui ont tout diriger vers la perte de données…

    Sans parler de l'externalisation (presta backup et support) qui revient à donner "la vie de sa société" à un autre.
    (c'est pis que de donner les clés de sa maison, car celle-ci ont peut toujours la reconstruire)

    Enfin, si je comprends bien, il y a toujours la sauvegarde jusqu'à la dernière clôture des comptes ?

  8. @Anonyme: Huit mois auparavant? Quelle société informatisée se relève de huit mois de perte de données?

  9. @Zythom: et bien, je suppose que cela dépend de pas mal de paramètres (humains, techniques, financiers), pour savoir si elle peut se relever…
    En particulier si cette entreprise informatisée possède des processus métiers (et critiques) entièrement dématérialisés (sans aucune trace écrite). Auquel cas cela va être très très difficile (impossible).
    Et si ses référentiels (métiers, base clients, etc.) étaient tous sur ce serveur.
    Dans tous les cas c'est certain que c'est une mission impossible, mais c'est mieux d'avoir 8 mois à reconstruire que tout la vie de la société, surtout qu'il y a aura quelques référentiels de base.

    Une petite question: le disque dur qui venait de lâcher, est-ce qu'il n'était pas possible de faire appel à une société spécialisée dans la récupération des données sur des disques ?

  10. @Milambert: Les deux disques durs ont été mis sous scellés pour une action en justice. Le temps que l'affaire soit audiencée, qu'un expert soit nommé, et que l'expertise démarre, huit mois s'étaient écoulés. La santé financière de l'entreprise n'a pas permis la récupération des données par une entreprise spécialisée, et faute d'une facturation correcte les clients avaient désertés.

    Si l'aspect humain n'avait pas fait son oeuvre (conflit de personnes), les données auraient pu être récupérées quelques jours après la panne.

  11. Merci pour ta réponse, ok, je comprends mieux maintenant cette phrase du billet "Bon, j'avais compris dès le début de la réunion que les rapports humains s'étaient vites envenimés dans cette affaire qui aurait peut-être pu se régler plus simplement et plus rapidement si les deux parties avaient usées d'un peu plus de diplomatie…"

    Donc si c'est "la société qui a perdu ses données" qui a "portée plainte" / lancée l'affaire en justice, elle s'est mise un pistolet sur la tempe… ?

    Merci encore.

  12. Votre histoire me rappelle un test de groupe auquel j'avais participé il y a quelques années et qui consistait à nous lire une histoire dramatique suivie d'un débat pour définir qui était responsable du drame (je vous la fait courte) :
    Une femme délaissée par son mari décide un soir d'aller voir son amant l'autre côté du fleuve. Le passeur, devenu son ami confident, qui habituellement lui faisait traverser le fleuve refuse ce soir là car la femme à oublier de prendre un peu d'argent pour le payer. La femme contacte son amant qui l'attend pour qu'il viennent payer le passeur, mais il refuse. La femme décide donc de traverser à la nage mais elle se noie !
    Qui est responsable du drame ?

    En général, le débat s'enflamme et se durcit car chacun des participants, en fonction de son vécu, son éducation, ses valeurs, et bien d'autres choses encore, attribue la responsabilité du drame à l'une ou l'autre des protagonistes de l'histoire, y compris la pauvre femme.
    C'est amusant d'ailleurs de voir à quel point les avis sont contradictoires.

    Personnellement, comme dans votre affaire, je pense que la vitesse du vent et l'âge du capitaine ont joué un rôle déterminant dans cette triste histoire… mais c'est un avis personnel qui n'engage que moi !

  13. Tiens, dans le même ordre d'idée j'en ai une autre qui a été posé à des étudiants en droit international :
    Un cargo armé dans un pays P1 mais avec un pavillon d'un pays P2 part d'un pays P3 pour se rendre au pays P4, mais le cargo s'échoue sur le pays P5.
    Il se trouve que le capitaine du cargo et de nationalité P6, et que l'agence qui a affrété le cargos se trouve dans le pays P7, mais le siège de la société dont dépend l'agence est dans le pays P8. La société étant bien évidemment inscrite dans le pays P9.
    Bref, la juridiction de quel pays doit-elle être saisie ? …et accessoirement qui est le responsable du naufrage ?

    Ps: le plus simple, en général, est de désigner comme responsable le ou les passagers clandestins retrouvés dans la soute du cargo, passagers de nationalité P10 d'ailleurs !

  14. …je me permets un dernier petit commentaire. Après j'arrête, c'est juré, faut que j'aille bosser !

    N'avez-vous pas pensé, Zythom, faire un test de sélection pour les étudiants qui se présentent à votre école, en organisant une mise en situation du même genre que votre histoire pour voir comment vos futurs élèves appréhendent ce type de problème et où et à qui ils attribuent la responsabilité pour ce drame informatique !
    Accessoirement, quelle solution ils proposent pour l'éviter.
    Le fin du fin serait de refaire le même test en fin de formation pour voir si leur vision des choses à évoluée… ça ferait surement des étudiants "aux têtes bien pleines et bien faites", comme aurait dit l'autre !

  15. @Poilauxpattes: Les tests de sélection doivent permettre de vérifier lesquels parmi les candidats sont du meilleur bois dont on fait les ingénieurs MAIS ils ne peuvent pas être trop originaux à défaut de faire fuir les candidats.

    Par contre, j'utilise ce type de scénario dans mon cours sur les sauvegardes, tout en ayant conscience (et en le disant aux étudiants) que tant qu'ils n'ont pas perdu eux-même des données importantes, ils ne se préoccuperont pas de ce problème.

    Je termine mon cours en leur souhaitant que la première (et dernière) perte catastrophique de données se fasse pendant leurs études, la veille d'une soutenance de stage par exemple, et non pas dans leur entreprise.

  16. si les deux parties avaient usées d'un peu plus de diplomatie…
    Ou est placé le COD ?

    Ces histoires de sauvegarde sont toujours noyées dans la banalité, bien qu'elles soient de la plus haute importance dans tout SI.

    Salutations.

  17. Cela me rappelle deux histoires dans le même genre.

    ——————-

    Le responsable informatique qui emmenait chez lui le soir la bande du jour pour la ramener la semaine suivante.

    Un jour une personne a perdu juste un fichier et il va récupérer une bande et chercher le fichier.

    Rien sur la bande… Rien sur toutes les bandes…

    Vérification du lecteur : ok
    Vérification des bandes : ok

    Bizarre…

    Reconstitution d'une journée du responsable. Sauvegarde, trajet jusqu'à chez lui.

    Vérification de la bande : plus rien.

    Et en fait il s'agissait des sièges chauffants de la voiture qui effaçaient les bandes :o)

    —————–

    Dans une de mes anciennes boîtes il n'y avait pas de salle informatique réellement fermée. La salle faisait passage pour aller dans l'entrepôt.

    Un serveur près du passage redémarrait souvent.

    Il a fallu du temps pour trouver qu'il s'agissait d'une grosse dame avec des robes à froufrou et 40 jupons accumulait beaucoup d'électricité statique et quand elle passait dans ce coin elle touchait le serveur et faisait une décharge :o)

    (Dans la même boîte la phase utilisée par la salle info servait aussi pour la machine à café de l'entrée… La prise utilisée par les ouvriers pour brancher leurs gros équipements pour refaire la façade. Bref ça a lâché plusieurs fois aussi pour ça.)

  18. Finalement c'est intéressant et amusant de constater que plus la technologie est performante, plus elle est sensible à des circonstances et des évènements banals et anecdotiques…

    Comme quoi, le syndrome du maillon faible est étroitement lié à l'évolution technologique !

    Ce n'est d'ailleurs pas le premier billet (ni le dernier) que vous nous faite et qui souligne ce paradoxe.

  19. Les deux dernières anecdotes: oui, c'est souvent à peu près ça 😀

    Jour impair, jour pair: 31 du mois, 1er du mois M+1.
    Deux bandes: non. (j'ai travaillé en compta…)

    (Dans les recherches de responsabilité, le grand classique reste le Titanic

  20. Une question : si une bande était externalisée une fois par semaine, les données auraient pu être récupérées (sauf la perte d'une semaine de données).

  21. Effectivement intervenant en expertise amiable après sinistre, je suis moi meme tout à fait consterné des pratiques des SSII dans la mise en place des politiques de sauvegardes, réalisées en dépit du bon sens et sans s'interroger sur l'existence d'état de l'art en cette matière : par exemple les schèmes Grandfather-father-son backup s'ils avaient été préconisés aurait sauvé l'affaire à leur client.
    Pour ma part je considère que l'obligation de conseil dans la mise en place des process de sauvegardes qui incombe à la SSII est dans ce contexte non remplie

  22. Une rotation sur trois bandes me semble vraiment trés limite.
    Que se passe t'il si qqu'un efface par erreur un fichier et s'en rend compte que 1 semaine aprés. Ce genre de choses arrivent réguliérement.
    Des tas de corruption de données ne sont parfois détectée que bien plus tard que 3 jours.

    • il me semble que l'OS peut prévoir un mode (c'est le cas sous windows) qui garde copie de toutes les versions des fichiers

      dans ces cas-là, le backup ne posera pas problème SAUF si le disque dur crashe, tout simplement

  23. Finalement le sujet de votre billet pourrait aussi concerner la "confidentialité" (un autre de vos sujets de prédilection) car la "chaîne" de sauvegarde a bien des similitudes avec celle de la confidentialité.
    C'est d'ailleurs une Lapalissade de souligner que dans toute chaîne, il y a un maillon faible !

    Tout l'Art consiste à savoir qui sera le maillon faible et où il se trouve dans un système hautement complexe et technologique.

    Je vous avez d'ailleurs déjà posté une petite fiction tirée d'une BD (dans ce billet https://zythom.fr/2007/12/confidentialit-par-emails.html ).
    Je vous le re-raconte car elle m'avait bien amusée et qu'elle me semble bien illustrer le sujet :
    "…un vaisseau spatial venant d'une galaxie lointaine est venu se poser sur la terre à l'époque des hommes des cavernes. Ces visiteurs venus d'un monde plus avancé que le notre étaient vêtus de combinaison de sécurité extrêmement performantes capables d'arrêter tout type de rayon destructeur : laser, résonance magnétique, et même des systèmes rayonnants que nous n'avons pas encore découverts… c'est pour dire ! Il ne reste de cette mission venue découvrir la terre qu'un message désespéré qui disait : "nous sommes attaqués par des armes inconnues qui traversent nos combinaisons… nous ne pouvons pas résister… nous sommes perdus…".
    Ils venaient d'être attaqués par des hommes primitifs qui les ont transpercé avec leurs flèches de bois et de silex !…

  24. La politique de sauvegarde choisie est abérrante, et confier ce travail à une personne qui sait à peine faire la différence entre une bande de sauvegarde et une cassette audio est une aberration.

    Je m'interroge surtout sur le disque défectueux depuis plusieurs semaines. Le technicien, même pas très malin (désolé pour lui mais c'est l'impression qui ressort quand je lis le post) aurait dû se douter que la grosse lumière rouge qui clignote sur le disque indique un problème.

    Et puis un informaticien aurait dû tenir tête au comptable qui a décidé de garder une bande de côté, ou au moins avoir le bon sens de la remplacer par une autre.
    Par exemple, si on change une roue crevée par la roue de secours, on achète une autre roue dans la foulée si on a un minimum de bon sens, non ?

    La SSII est en tord à 100% car le technicien n'est pas plus habilité à faire ce travail qu'un enfant de 3 ans.

    Enfin, je citerais une phrase qui a toujours été vérifiée "la confiance n'exclue pas la vérification", en gros, faire confiance aux gens n'empêche pas de vérifier de temps en temps que le travail est bien fait, donc pour le coup c'est l'entreprise client qui est en tort pour ne pas avoir tester de temps en temps la restauration du serveur.

  25. je trouve que là, la politique de sauvegarde a tout de même été negligée. Pourquoi du RAID1 et pas du RAID5 ? Pourquoi seulement 3 bandes puis ensuite 2 ?
    Pour m'occuper des sauvegardes où je travaille, je dispose d' un jeu de 9 bandes (lundi, mardi, mecredi, jeudi,semaine 1,2 et 3, mois 1 et 2).

    Je trouve déjà que ma situation est pas terrible car j'en suis reduit à scripter une sauvegarde réseau pour récuperrer les données des serveurs sur un seul puis ensuite de tout sauvegarder sur bande.
    Mais là, c'est bien pire…encore plus de la part d'une societé dont c'est son activité.

  26. @Zythom
    Vous indiquez que les procédures de sauvegarde prévoyaient l'"archivage d'une bande chaque semaine hors site".
    Si cela a été le cas, les pertes sont limitées. Ce point n'a t-il pas été évoqué ?

  27. @Anonyme: Le fait que le comptable ait imposé la mise de côté d'une bande après la clôture des comptes a supprimé le déport hors site d'une bande. La seule bande encore exploitable était bien cette bande mise de côté par le comptable… six mois auparavant. La nature de l'activité de cette société a fait que les données de cette bande ne servaient plus à rien pour l'activité de production.

  28. Pourquoi le comptable s'est immiscé dans le travail de l'informatique. La comptabilité, ce n'est pas l'informatique. Ce sont deux domaines bien distincts. A voir le récit, c'était le comptable qui décide pour raison de coût. L'informatique avec ses programmes n'a rien à voir avec la saisie de la comptabilité qui a aussi ses méthodes. La sauvegarde a été confiée à une entreprise d'externalisation qui n'a pas pu bien faire son travail, qui n'a pas respecté la qualité des prestations (0 qualité pour ce cas).

  29. @"externalisation saisie comptabilité"
    Dans les petites entreprises, il n'y a pas de service informatique. Dans ce cas précis, l'équipe administrative était très réduite: un comptable, une secrétaire, un patron… Par contre, je ne comprends pas votre dernière remarque: la sauvegarde n'a pas été externalisée.

  30. Vous disiez : "Enfin quoi, un serveur ne tombe pas en panne en même temps que son système de sauvegarde"

    C'est pourtant ce qui m'est arrivé cet été. Deux ordinateurs morts, disque dur mort, disque externe de sauvegarde mort. C'est dans l'ordre du possible, la preuve. C'est la loi de Murphy, qui ne connaît aucun amendement…

    Je m'en suis sorti, moyennant fortes finances, grâce à une officine amstellodamoise de récupération de données.

    Coût de l'opération, près de mille euros. Une paille si on compare à la valeur des données en cause.

  31. passionnant ! aujourd'hui, je sauvegarde mes données (privées, je ne suis pas une entreprise) sur disque dur externe tous les week-ends

    ET j'ai ajouté une sauvegarde automatique dans le cloud via Google Drive

    je pense que le cloud va devenir obligatoire dans toute stratégie de sauvegarde: c'est simple, c'est automatique, c'est bon marché et c'est sécurisé et lointain (protège du vol et incendie)

    par contre, ça recèlera son lot de vulnérabilité et notamment le mot de passe du compte

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