Le plus beau métier du monde

Etre responsable informatique dans une école d’ingénieurs, c’est un peu comme un chemin de croix: à chaque coin sa peine…

L’étudiant: « M’sieur Zythom, pourquoi vous bloquez le réseau pour nous empêcher de faire un jeu en réseau pendant les cours? »

Moi: « Et bien, vous avez assez bien formulé la réponse… »

Le professeur: « Cher Collège (insistez bien sur la majuscule condescendante), les vidéoprojecteurs que vous mettez à notre disposition dans les amphis ne permettent pas l’affichage en 2560×2048 indispensable à la bonne compréhension de mon cours. Quand comptez-vous réparer cette indigence? »

Moi: « Vous voulez sans doute parler du passage au standard QSXGA (voir ici les standards vidéo). Et bien, nous venons juste d’acheter 15 vidéoprojecteurs au standard UXGA. Pour répondre donc précisément à votre question, je pense réparer notre indigence dans environ quatre ans. »

Le personnel administratif: « Pourquoi plus rien ne fonctionne depuis que vous avez remplacé mon ordinateur? »

Moi: (après enquête) « Et bien, vous devez recréer tous les raccourcis que vos collègues vous ont créés sur votre bureau. Voulez-vous que je vous montre comment on crée soi-même un raccourci? Vous connaissez l’histoire de celui qui a soif et à qui on refuse de donner à boire pour lui montrer comment creuser un puits? »

Le Gala:

Fin septembre, après le rush de la rentrée estudiantine, l’école procède à la cérémonie annuelle de remise des diplômes d’ingénieurs pour la promotion sortante. C’est l’occasion également du déroulement du gala de l’école.

Le gala est un moment fort de l’année, dans ce qu’il réunit lors d’une grande soirée plusieurs générations d’anciens étudiants, dont certains sont en poste depuis plusieurs dizaines d’années.

C’est l’occasion pour eux de se retrouver et de se raconter leurs souvenirs.

Etudiant X à un autre: « Tu te souviens quand on a dévalé les pistes de ski, sans neige, et sans ski? »

C’est aussi l’occasion pour eux de retrouver leurs professeurs et de leur remémorer quelques bons et mauvais souvenirs.

Etudiant X: « Ah bonjour Monsieur Zythom! Vous vous souvenez comme j’étais nul en algorithmique? Et mes programmes, vous vous souvenez la vitesse à laquelle ils faisaient redémarrer l’ordinateur tout seul? »

C’est enfin l’occasion pour moi de découvrir ce que sont devenus mes anciens étudiants.

Etudiant X (le même que précédemment): « Ce que je fais aujourd’hui? Et bien je suis commercial dans une grande société informatique. Qu’est-ce que j’étais nul en informatique, mais qu’est-ce que j’aimais bien vos cours! »

C’est aussi le moment de rencontres avec des personnes qui dirigent maintenant des usines de 1000 personnes, qui sont « grands patrons » dans des TPE, PME, PMI, TGE ou TGI (Très Grosse Entreprise ou Industrie). Je les vois toujours comme « mes » étudiants, je les bouscule comme s’ils étaient encore post adolescents. Cela leur fait plaisir.

C’est à ces moments que je me rends compte que j’exerce le plus beau métier du monde.

Le reste n’est que poussière qui blanchit mes cheveux.

Une réflexion sur « Le plus beau métier du monde »

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