Réservation

Vous connaissez sans doute déjà mes déboires avec la société nationale des chemins de fers français.

J’ai beaucoup progressé dans mes rapports avec ses agents.

Mais il m’arrive encore d’être piégé par le système mis en place.

Lors de sa mise en service, le Train à Grande Vitesse a inauguré un système de surcoût permettant de déguiser habilement une grossière augmentation des tarifs en service artificiel. Ce système est curieusement nommé par la SNCF « réservation ». A l’époque, le système était expliqué comme étant un service à valeur ajoutée pour le confort du passager. Souvenez vous, dans les trains normaux, les riches pouvaient avoir un papier jaune glissé dans un support plastique présent sur chaque siège qui leur donnait le droit d’éjecter l’opportun qui s’était assis sur leur place RESERVEE. Et bien dans les TGV, tout le monde sera placé comme les riches. Le progrès est en route.

Je me présente au guichet pour acheter un billet aller-retour vers la capitale.

Le guichetier me reçoit les yeux tournés vers l’écran de son ordinateur d’un bonjour mécanique.

Moi qui demande à mon équipe d’éteindre leur(s) écran(s) pendant les réunions, l’attention envers autrui tendant vers zéro en présence de LCD (une propriété des cristaux sans doute).

Je commence donc la relation client-serveur légèrement agacé.

« Bonjour, je voudrais un aller-retour vers la capitale ».

« Vers quelle ville? »

« Vers Paris »

« Un aller simple ou un aller-retour? »

« Un aller-retour »

Vous remarquerez la parfaite cohérence entre la conversation et l’ordre des cases de l’écran (heureusement allumé), sauf peut-être sur la première phrase (un problème de plasticité synaptique peut-être?).

« Le train est complet. Je vous prends une place quand même? »

« Heu, mais s’il est plein, je vais pouvoir monter quand même? »

Le guichetier s’est tourné vers moi, sans doute pour voir quel étrange animal lui posait une question aussi stupide (c’est vrai qu’elle est bête cette question).

« Oui. Mais je ne peux pas vous garantir une place assise ».

« Je comprends. Je prends quand même un billet. »

C’est là que j’ai manqué de discernement en ajoutant:

« Je suppose que vous ne me comptez pas de réservation… »

« Monsieur, la réservation est OBLIGATOIRE dans les TGV »

« Oui, je comprends la règle, mais là, vous ne me réservez pas de place assise! A quoi me sert la réservation? »

Nous nous affrontons du regard.

Comme le combattant de la Tribu de Dana, je sens mes armes me glisser des mains (et mes larmes couler à flots).

J’ai quand même lancé une petite pique.

« OK, ok, je prends la réservation. Vous acceptez ma carte famille nombreuse, même si je voyage seul? »

Je n’ai pas osé ajouter « c’est possible? ».

Je suis sur qu’il l’aurait pris de haut.

Il faut toujours se méfier de l’haut qui dort (je sais, c’est nul).

J’ai voyagé debout pendant une heure.

Je vous promets que si le contrôleur avait osé vérifier les billets (vous avez remarqué qu’il ne passait pas lorsque le train est bondé), je n’aurais fait aucune remarque.

Je sais me tenir.

Je suis réservé.

4 réflexions sur « Réservation »

  1. non, mais vraiment, vous cherchez les embrouilles toud’même…

    C’est pourtant clair…

    (même pas un strapontin libre dans le train le plus rapide de l’ouest?)

  2. @pfelelep: c’était veille de jour de grande grève. Pas même un strapontin disponible! J’avais donc réservé une place debout…

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