Bravo bravo j’y étais

Nous sortons régulièrement, mon épouse et moi, pour assister à un spectacle donné dans notre bonne salle culturelle locale.

C’est une sortie nécessaire rendue obligatoire par ma monomanie informatique.

Mais souvent, le spectacle est dans la salle…

Notamment à la fin du spectacle quand les spectateurs se mettent à applaudir tout rompre, parfois même quand certains tentent de faire se lever l’assemblée pour une « standing ovation ».

Applaudisseur enthousiaste lors des premiers spectacles, je me suis rendu compte que j’étais capable d’envoyer toutes mes chaleureuses félicitations par ce biais bruyant aux comédiens, aux costumiers, aux metteurs en scène, aux metteurs en espace, aux metteurs en musique…

Mais comment en suis-je arrivé là, moi qui suis d’une inculture lamentable dès qu’il s’agit d’un domaine qui sort de mon quotidien?

Qu’est-ce que j’y connais moi aux subtilités de la mise en espace ou de la mise en scène? Comment imaginer que je sois capable de juger des compétences d’un comédien ou d’une troupe? Parce qu’il/elle est connu(e)? Parce qu’on ne peut pas siffler Molière? Parce qu’on ne doit pas se faire remarquer en n’applaudissant pas? Parce qu’on doit montrer son raffinement culturel en applaudissant?

C’est alors qu’apparaît la question à deux euros dans toute sa splendeur: quelque soit la qualité du spectacle, le public applaudit à tout rompre à la fin! Mais dans ce cas, qu’applaudit le public?

Perturbé par les applaudissements téléguidés des spectacles de divertissements télévisuels, je n’ai trouvé la réponse à cette question que récemment:

le public s’applaudit lui-même!

Et comme souvent, je n’ai ouvert les yeux que grâce à la clairvoyance des autres (Google is my friend). Je vous engage donc à lire ce billet de Pikipoki dont j’adapte ci-dessous un extrait:

Tous ces braves gens approuvaient leur choix d’être venus, qui plus est à [la salle culturelle] qui continue de véhiculer chez beaucoup l’image d’un divertissement d’élite. Ils étaient donc eux-mêmes cette élite. Tout le montrait autour d’eux, ou semblait le montrer à leurs yeux. Mais cela aurait été grandement gâché s’il leur avait fallut reconnaître la médiocrité du spectacle, ou même seulement d’un de ses acteurs.

Avant, j’applaudissais donc parce que j’avais choisi de venir assister à un spectacle pour élite, parce que je l’avais compris et apprécié, car je faisais parti de cette élite.

Maintenant je continue d’applaudir, mais je sais pourquoi: car je suis bon public.