Je fais quelques interventions en amphithéâtre devant les étudiants de l’école d’ingénieurs où je travaille.
J’aime cela, j’aime les étudiants et je crois que les étudiants m’aiment bien aussi.
Peut-être simplement est-ce parce que mes cours, bien qu’obligatoires, ne sont pas sanctionnés par une note finale…
Me voilà donc face à eux en ces jours de rentrée. 150 têtes et autant de paires d’oreilles m’écoutent attentivement (ce sont de nouveaux étudiants, ils n’ont pas eu le temps d’apprendre à parler entre eux en amphi) quand tout à coup un téléphone sonne dans l’amphi. Je vois aussitôt un étudiant plonger dans son sac pour éteindre son portable. Agacé, mais surtout pour marquer le coup pour la suite de l’année, je demande à l’étudiant fautif de se lever. Grand silence dans l’amphi, l’étudiant se lève. Cruel jusqu’au bout, je désigne l’étudiant, clame haut et fort mon indignation et demande à tous les étudiants de l’applaudir pour l’encourager à éteindre son téléphone portable avant d’entrer en amphi la prochaine fois.
L’amphi applaudit à tout rompre, l’étudiant fautif est rouge de confusion, je lui demande de s’asseoir en lui accordant mon pardon, magnanime.
Le cours continue, je vois quelques étudiants sortir discrètement leur portable pour l’éteindre. Mon portable est posé sur le bureau, bien éteint, je vérifie moi aussi tout aussi discrètement.
Un quart d’heure passe quand soudain mon téléphone DECT de ceinture sonne. Je le coupe d’un geste machinal, comme si j’étais en réunion. C’était sans compter sur les étudiants de l’amphithéâtre qui se sont tous mis à applaudir…
Je les aime bien mes étudiants, car ils sont intelligents. Ce n’est pas le cas de tous leurs profs…