Dans le cadre des rediffusions estivales, je vous propose ce billet très court publié en mai 2010, et qui raconte, maladroitement sans doute, mon mal être dans certaines expertises. La chute tient dans les trois dernier mots.
————————————————————————————————
Fouiller le contenu d’un ordinateur, c’est se plonger dans l’intimité
d’une personne. Je suppose que chaque expert judiciaire vit cela d’une
manière différente qu’on imagine toujours très professionnelle, avec
juste la distance qu’il faut, en quelque sorte une analyse froidement
médicale.
Seulement voilà, la réalité est toute autre. La réalité, c’est la
lecture de lettres intimes à son conjoint, ce sont des photos
d’anniversaires où toute la famille et les amis sont réunis. La réalité,
ce sont des vieilles factures, des courriers d’explications à la
banque, des réponses à des emails de copains rigolos qui font suivre des
powerpoints humoristiques.
Puis à partir d’une certaine date, le lien avec internet s’arrête.
L’ordinateur n’est plus utilisé pendant plusieurs mois, pendant quelques
années. Lorsqu’il reprend du service, l’utilisation n’est plus la même.
Les données proviennent d’une clef USB, plutôt que de la carte réseau.
Des dessins scannés. Des fichiers txt avec des mots d’encouragement maladroits. Des mots d’enfants. Des mots d’adultes.
Et bien sur, il y a des photos. Beaucoup de photos de la famille. Des
films aussi. Les visages sont plus tristes, les paroles plus sérieuses.
Ils ont vieillis.
Et puis, il y a des photos pornographiques. Des films aussi. Et la
dedans, quelques photos de jeunes filles. Trop jeunes. Beaucoup trop
jeunes. C’est pour ça qu’il a été dénoncé par un codétenu.
C’est cela l’analyse inforensique du disque dur d’un ordinateur saisi en prison.