Je parle assez peu de mon activité de conseiller municipal sur ce blog, alors qu’elle occupe de plus en plus de mon temps libre, surtout en ce moment avec la préparation des élections municipales de 2014.
J’ai toujours été intéressé par les événements de ma commune. Je suis lecteur assidu du journal communale et j’assistais épisodiquement à différentes manifestations plus ou moins folkloriques.
Jusqu’au jour où un voisin qui travaillait à la marie m’a incité à assister à un conseil municipal. Tout à mon ignorance, je lui ai répondu « Ah bon, c’est public? »… Et dès le mois suivant, je me retrouvais assis dans les rangs du public, enfin du public, plutôt à côté d’un tondu et d’un pelé, assistant à mon premier conseil municipal.
Depuis, le virus ne m’a pas quitté, et quand il a fallu trouver des bénévoles pour aider à tenir les bureaux de votes supplémentaires (la population de la commune est en forte croissance), un conseiller de l’époque m’a foncé dessus en me disant: « puisque je vois que vous êtes toujours dans les rangs du public, je vous propose de m’aider à tenir le bureau de vote ».
Tenir un bureau de vote, c’est être au cœur de la vie de notre démocratie. Mais c’est aussi de longues heures d’attente comblées par des discussions sur tous les sujets du moment. Ce qui fait que lors des dernières élections municipales, le candidat principal est venu me trouver pour compléter sa liste. Je me suis donc retrouvé antépénultième sur sa liste (lire ce billet). Normalement, je n’aurais pas du être élu. Sauf qu’il n’y a pas eu d’autres listes face à nous…
Cette fois, pour les élections de 2014, c’est avec un bilan de 5 années de travail comme conseiller municipal que je m’apprête à participer à l’ensemble de la campagne électorale. C’est une découverte pour moi.
Tout d’abord, le maire sortant ne se représente pas, ayant passé plus de 30 ans à gérer sa commune et atteint un age respectable. Il sait qu’il faut passer la main et ne pas faire le mandat de trop. Il passe le relais à son 1er adjoint qui est, me semble-t-il, très bien préparé à son futur rôle de 1er magistrat de la commune (s’il est élu). Il a donc fallu constituer une liste avec tous les conseillers qui souhaitent repartir pour 5 années de travail, et compléter la liste (car tous ne souhaitent pas repartir) avec des « petits » nouveaux.
Ma commune fait environ 5500 habitants et jouxte une ville très dynamique. La campagne municipale qui s’annonce, avec le départ du maire historique local, sera à l’image de la commune: dynamique! C’est-à-dire qu’il y aura plusieurs listes qui vont s’affronter, et un futur conseil municipal avec une opposition, ce qui est une bonne chose.
Pour l’instant, sauf dans les grandes villes où les monstres politiques sont déjà en action, notre équipe (et celles de nos futurs concurrents) travaille discrètement et construit le programme. C’est une phase intéressante où de nombreuses idées sont exprimées, ce qui est très important surtout dans une liste quasi apolitique. Comme la liste est constituée majoritairement de conseillers sortants, nous partons des projets en cours et du bilan pour nous projeter sur l’avenir de la commune, ses difficultés et ses atouts.
Parallèlement au programme, il faut s’intéresser également à la « tactique » de campagne: quand présenter la liste au public, quand commencer les premières réunions publiques et sur quels thèmes du programme, quel slogan choisir, quelles affiches imprimer. Il faut également écrire les courriers, préparer le site internet, décider des outils technologiques, etc. Sachant que dans notre cas, il n’y a pas de conseiller en communication et que toutes les dépenses se font sur notre argent personnel.
J’assiste également aux manœuvres des listes adverses, aux tentatives d’espionnage, de débauchage de membres de la liste. J’ai ainsi été approché pour faire parti d’une autre liste, ce que l’ai refusé poliment. C’est le bal des hypocrites 😉
Tant que ce n’est pas le bal de ardents…
Chaque mois nous nous réunissons avec des taches à faire, des sujets à trancher, des discussions à avoir. A chacun son travail, même si parfois, cela tient un peu de la « bricole ». Moi, par exemple, je m’occupe du site internet… Je sais réserver des noms de domaine (check), je sais choisir des hébergeurs (check) et gérer les boites aux lettres du domaine (check), mais quant au choix du design du site, c’est une autre histoire… J’en suis à tester différents modèles tous prêts pour me faciliter la tâche!
Et début 2014 commencera la saison du combat politique: les réunions publiques et les confrontations d’idées! Pour un timide compulsif comme moi, additionné d’une once d’agoraphobie, la période s’annonce difficile. Pensez-y avant d’envoyer une tomate sur l’orateur 😉
Ensuite la liste sera déposée officiellement, avec une alternance stricte homme/femme. A ce moment là, je saurai en quelle position je suis, et je verrai si j’ai une chance d’être élu, puis d’être adjoint ou simple conseiller.
Une chose me rend plus fort que bon nombre de mes concurrents: je n’ai aucune ambition. Si je ne suis pas élu, je serai ravi d’être dans l’opposition, même assis dans les rangs du public. La critique, c’est bien aussi. Et puis, c’est plus facile 😉
Si je suis élu ET adjoint, je pourrai peut-être célébrer avec fierté le premier mariage homo de la commune ! Si je suis élu, je ferai en sorte que nul vote électronique ne vienne semer le doute dans notre démocratie locale. Si je suis élu, j’essaierai d’accueillir chaque nouvelle personne qui s’installe sur la commune comme il se doit. Si je suis élu, je continuerai à lutter contre l’insolence des riches. Si je ne suis pas élu, je continuerai quand même à consacrer un peu de temps pour les moins chanceux d’entre nous (lire aussi ce billet). Si je suis élu, j’espère pouvoir enfin aller serrer la main des gens du voyage.
N’oubliez pas d’inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre, et dites leur de voter! En attendant, je serai toujours ému par les réactions des gens dans un bureau de vote (lire aussi ce billet).
Quand je serai plus vieux, j’enlèverai mon béret devant l’urne de vote.
Votez pour moi !
"Si je suis élu", le "Moi Président" de Zythom. 🙂
effrayant de se dire que dans une ville de 5500 habitants (mais peu importe la taille), les bureaux de vote peuvent être tenus par des bénévoles choisis par le Maire
en réalité, dans une démocratie comme la France, il serait facile de truquer certains scrutins (c'est déjà arrivé, on se souvient de Tapie qui avait du batailler pour se faire élire il y a de nombreuses années)
en Belgique, les assesseurs sont choisis par la Justice et ne sont pas volontaires mais c'est un devoir (s'ils ne viennent pas, ils risquent une amende). Ils recoivent une petite rémunération pour le dérangement.
la fusion des communes d'il y a 30 ou 40 ans permet également d'avoir des tailles critiques pour organiser les votes mais aussi une meilleure gestion. Je suis toujours halluciné de voir des maires diriger des villages de cent ou deux cents habitants. Ca ne peut pas être professionnel.
Il est très difficile de truquer les scrutins, d'abord parce qu'il y a plusieurs bureaux de votes, ensuite parce que plusieurs citoyens désignés par les candidats surveillent le déroulement des élections. Ensuite le dépouillement des votes est public et se déroule comme expliqué dans ce billet.
Maintenant, je trouve que le système que vous décrivez est meilleur, mais il me semble qu'en Belgique, le vote est obligatoire.
cela dit, je vous fait entièrement confiance 🙂
c'est juste mon coté "parano" qui parle
et il faut dire aussi que j'ai lu dernièrement un livre d'un fonctionnaire travaillant dans des petites communes (fonctionnaire malgré moi) et que ça ne m'a pas trop rassuré
mais normalement, le système des témoins assure en effet une protection contre les fraudes
"Ma commune fait environ 5500 habitants"
5 361 au recensement de 2010 (dixit Wikipédia)
Bonne chance pour cette élection.
"Si je suis élu, je ferai en sorte que nul vote électronique ne vienne semer le doute dans notre démocratie locale" Bonne idée! chez moi (à Palavas) c'est vote électronique et le maire sortant, malgré sa léthargie, a toujours 75% de voix…
Est-ce à dire que vous allez être trop occupé pour poster vos billets aussi fréquemment? (*sueurs froides*)
C'est gentil, ça 😉
Je n'ai pas de rythme imposé pour les billets, mais j'essaye d'en publier un par semaine environ. Je ne souhaite pas que cela devienne une obligation, mais que cela reste un plaisir.
Jusqu'ici tout va bien !