Reprise du billet que j’ai écris chez Maitre Eolas qui m’a fait l’honneur de l’accepter. J’ai conscience qu’il s’agit du moins bon billet de la série écrite hier par les magistrats dans la catégorie Magistrats en colère du « Journal d’un Avocat » devenu pour un jour le « Journal des magistrats administratifs », mais je vous promets que je l’ai écrit d’une traite en essayant de contenir ma colère.
Avec en cadeau bonus une image de circonstance provenant du site despair.com
Je suis un simple citoyen qui a mis ses compétences au service de la justice. Celle-ci les a acceptées et m’a fait l’honneur de m’inscrire sur une liste mentionnant les personnes pouvant lui prêter main forte.
Je suis un expert judiciaire.
Sans formation initiale juridique particulière, je suis un témoin privilégié de ce qui se passe dans les tribunaux. A la fois extérieur à ce monde particulier, et participant actif à la recherche de la vérité.
Et comme citoyen spectateur, je vois beaucoup de choses:
– je vois des fonctionnaires formidables qui ne comptent pas leurs heures;
– je vois des magistrats compétents, élites des formations juridiques;
– je vois des moyens financiers toujours plus limités au détriment du justiciable;
– je vois des lois qui sont publiées chaque jour plus nombreuses, rendant obsolètes les codes à peine édités;
– je vois une rapidité d’évolution à faire frémir l’informaticien que je suis pourtant blasé par les changements continus;
– je vois les délais qui s’allongent;
Le citoyen que je suis a peur de sa justice.
J’ai peur de poursuivre l’Etat pour non paiement des factures qu’il me doit, parce que je connais la lenteur de la justice, lenteur due à l’aveuglement de l’Etat face aux besoins immenses d’une justice digne du XXIe siècle.
Mais l’Etat, c’est un peu moi, nous, me direz-vous.
Dans ce cas, j’ai honte que mon Etat soit montré du doigt par des organismes internationaux pour le manque de moyens mis à la disposition de sa justice.
Alors, quand j’ai la chance de pouvoir soutenir les personnes qui font la justice, les greffiers, les magistrats, et tout particulièrement les Tribunaux Administratifs, je n’hésite pas une seconde.
Et tant pis si cela choque les frileux, les bien pensants, ceux qui ont tout à gagner à rester silencieux pour défendre leur petit près carré. La justice, qui est parfois cruelle et aveugle, saura bien me faire rentrer dans le rang en me radiant de ses listes.
Mais j’aurai vu, et je pourrai témoigner.
Et je pourrai m’engager plus avant pour que cela change.