Imaginez: Vous êtes au bureau en plein travail quand le téléphone sonne. Non, pas le téléphone professionnel, mais le portable-réservé-aux-expertises. Bien. Vous fermez la porte de votre bureau et décrochez. C’est un magistrat qui vous appelle en personne.
Bonjour Monsieur l’Expert. J’ai une expertise à vous demander. C’est assez urgent. Etes-vous disponible?
Il y a à ce moment là plusieurs cas possible: soit vous êtes submergé de travail (professionnel, expertal, personnel…), soit vous êtes libre comme l’air (chômage, pas d’expertise en cours, nul en bricolage et jardinage, etc.).
Imaginez: vous êtes disponible.
Bonjour Monsieur le juge. Quelle est la nature du dossier?
Bien. Il s’agit d’une grande banque française. Il semblerait qu’un trader ait conduit des opérations ayant entraîné des pertes de plusieurs milliards d’euros. J’ai besoin d’un expert judiciaire qualifié pour assister mon équipe d’enquêteurs. C’est un dossier important nécessitant plusieurs semaines de disponibilité…
Imaginez: vous êtes libre toutes affaires cessantes pour mener à bien cette mission et vous vous sentez qualifié.
Bien. Quelle est ma mission?
Votre mission, si vous l’acceptez, sera de m’accompagner au siège de la banque pour y explorer les traces informatiques laissées par les activités du trader, et éventuellement, les traces de camouflage de ses activités laissées par lui ou par une tierce personne. J’ai besoin d’en savoir plus sur cette affaire où l’on me dit tout et son contraire.
Imaginez: vous voici à une réunion de préparation à une perquisition. Les enquêteurs ont déterminé les lieux géographiques où sont situés les différents systèmes informatiques de la banque. Ils connaissent la nature physique des serveurs et leurs systèmes d’exploitation. Habitué que vous êtes de ces grandes salles informatiques de 1000m2 à l’ancienne où cohabitent des générations de matériels hétéroclites, vous préparez votre mallette d’intervention.
Imaginez: vous arrivez escorté dans ce lieu quasi mythique dont vos professeurs parlaient avec respect et toutes les portes de sécurité s’ouvrent devant vos sésames de papiers… commissions rogatoires. Sur la dernière porte est écrit « salle 101« .
Vous vous asseyez face à l’une des multiples consoles d’administration. Le magistrat se place à vos côtés. Tout le monde retient son souffle.
Votre travail d’investigation commence. Il se terminera dans plusieurs mois.
Et pendant ce temps là, le système informatique de la banque doit continuer à fonctionner, sans fausse note.
Des giga euros coulent sous vos doigts.
Une goutte de sueur coule le long de votre dos.
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S’il y a des personnes pour qui j’ai le plus grand respect, ce sont bien les experts judiciaires nommés sur ce type de dossier.
Cela ne risque pas de m’arriver: j’habite l’appartement 303…
Amusant comme cette salle 101 semble avoir marqué surtout les informaticiens (ou futurs).
Je me souviens au collège la salle de « permanence » était la salle 101, et j’étais manifestement le seul à trouver amusant de ne pas vouloir y aller parce que c’était la salle de torture.
Mais peut-être étais-je également le seul a avoir apprécie 1984 que notre prof de français nous avait fait lire.
Le type d’expertise que vous décrivez doit-être passionnant mais j’imagine mal un expert capable de comprendre le fonctionnement d’un système aussi gros.
Que se passe t’il dans ce cas? On mandate une 30 aine d’experts? Un pour l’OS? un pour la base de données, un pour le réseau…
Hé hé… A Paris, le cabinet du doyen des juges d’instruction, qui centralise toutes les plaintes avec constitution de partie civil s’appelle le cabinet 101.
Sinon, vous avez oublié un détail.
– Ha, Monsieur l’expert ?
– Oui, monsieur le juge ?
– J’oubliais : vous ne serez payé de ces mois de travail que dans un an au mieux. N’oubliez pas de prendre un crédit pour manger pendant que nous jouerons à la chasse aux milliards.
« …vous préparez votre mallette d’intervention… »
Je serai curieux de savoir ce qu’il y a dans la mallette d’intervention de Zythom :
– un stéthoscope (pour détecter le moindre bruit suspect),
– une perceuse, une scie à métaux et un marteau (ça peut toujours servir),
– 2 ou 3 épingles à cheveux (certains experts arrivent à tout ouvrir avec ça),
– un lecteur mp3 (Zythom écoute de la musique en travaillant),
– des dessins d’enfants (que lui donné sa fille avant de partir à l’école),
– une fiole de scotch-wiskhy de 15 ans d’âge (pour se donner du courage si l’expertise dure un peu, de plus Zythom est fin connaisseur),
– quelques vieux chewing-gum mâchés (ça fait mauvais genre de les laisser sur les lieux d’expertises ),
– un sandwich au camembert (que lui a préparer Madame Zythom la veille),…
j’ai rien oublié ?
@ulysse: De même qu’un juge d’instruction doit pouvoir assimiler un dossier complexe de plusieurs milliers de pages, un expert judiciaire est capable de mener l’investigation d’un système complexe. Il se fera aider par les enquêteurs et le personnel en place, souvent mieux à même d’en maîtriser la technique spécifique (sous l’œil vigilant de l’expert).
@eolas: Effectivement, l’expert ainsi désigné vivra pendant toute la durée de sa mission de sa retraite, de ses congés payés, ou de l’air du temps. Je me disais bien qu’être expert judiciaire à Paris était l’opposé d’une sinécure…
@poilauxpattes: Vous oubliez un élément essentiel: l’assortiment de tournevis. Petits, grands, plats ou cruciformes, fins ou gros, longs, aimantés, torx… et la lampe de poche (apprendre à la tenir devant les yeux, poing serré, coude en bas, avec un peu de fumée pour que l’on voit bien le faisceau)
« Des giga euros coulent sous vos doigts »
C’est le moment de calculer vos honoraires à partir des sommes que vous allez faire ressurgir des tréfonds du système informatique.
Même un infinitésimal pourcentage appliqué sur le flot de giga euros qui coulent sous vos doigts sont une goutte d’eau qui vous mouille bien les doigts. N’oubliez pas vos gants mappa dans votre mallette.
Vous me faites realiser que la pretendue somme perdue par le trader depasse la valeur d’un entier non-signe de 4 octets… 32 bits ne sont pas suffisant pour representer ce montant… Dingue non? Bon ok… je sors…
poilauxpates : Zythom ne le dit pas, mais les sales blanches vont du bruyant au très bruyant !
Il m’arrive d’y emporter un casque anti-bruit, et de m’étonner que le code du travail, habituellement strict à ce sujet, ne l’impose pas.
Dans ces conditions, il devient difficile d’utiliser le stéthoscope dont vous parliez (bien que les salles de banques ne soient pas habituellement parmis les plus bryantes).
Cependant, le côté intéressant de porter un casque anti-bruit, c’est que toutes les fréquences ne sont pas atténués de la même manière ; en particulier les fréquence aigus, majoritaires dans les ventilateurs et la climatisation y sont les mieux filtrés. Du coup, en portant un casque anti-bruit, on entends des choses que l’on entendais pas auparavant 🙂
QUOI ? QU’EST CE QUE vous dites ??
Bonjour Zythom,
Grâce aux visiteurs de votre blog votre mallette d’intervention va subir une remise à niveau.
Pour la version 2, voici donc un nouvel accessoire à ne pas oublier : https://www.centre-audition.com/catalog/index.php?cPath=3&source=google&position=1&cout_du_clic=0,10&mot_achete=boule_quies&categorie=Produit